Le film Dis moi juste que tu m'aimes sort en salle le 19 février 2025. Ce thriller sentimental nous plonge dans le quotidien de Julien et Marie, mariés depuis 15 ans, dont la relation va s'effilocher lors du retour d'un amour de jeunesse pour l'un, et le début d'une relation extra-conjugale pour l'autre. Au casting de ce drame haletant : Elodie Bouchez, Omar Sy, José Garcia et Vanessa Paradis. Réalisé fin 2023, l'histoire prend place à Vannes. Entretien avec sa réalisatrice et scénariste, Anne Le Ny.
Dis-moi juste que tu m'aimes est un film que vous qualifiez de "thriller domestique", Anne Le Ny. Pourquoi ?
Parce que c'est une famille sur laquelle va s'abattre la violence et que des tas de choses leur arrivent. Mais malgré tout, c'est une famille : il y a les lessives à faire, les enfants à emmener à l'école, le frigo à remplir. Pour moi, c'est la chair du mariage, c'est ce qui fait le quotidien d'une famille même si ça paraît être des choses matérielles pas très nobles.
On retrouve dedans un trio d'histoires entre un couple, des amants et des anciens amoureux. Vous vous êtes intéressée aux relations humaines et à leurs zones d'ombre ?
Après mon précédent film Le Torrent (2022) qui était un thriller, je me suis rendue compte que cela faisait longtemps que je n'avais pas écrit d'histoire d'amour. Et je me suis dit qu'au cinéma, souvent, les histoires d'amour sont prises par le début, avec la rencontre et l'état amoureux, ou par la fin avec l'amertume, la haine parfois. Mais une histoire d'amour au milieu, c'est moins vu.
Qu'en est-il quand deux personnes vivent ensemble depuis longtemps et que l'on ne pense pas aux sentiments amoureux tous les jours parce que c'est un peu une petite entreprise qu'il faut faire tourner. Quel est ce moment de la relation où les choses pourraient s'effilocher ou prendre un nouveau départ ? C'est un petit peu aussi mon thème.
Les retournements, pour moi, ils sont aussi psychologiques
Tout au long du film, on se demande comment l'histoire va se terminer. On assiste presque à une descente aux enfers de Marie, manipulée, qui pourrait perdre son travail et voir toute sa vie affectée. Comment avez-vous fait pour tenir ce suspense sur la longueur ?
Je ne dirais pas qu'elle est si manipulée que ça. Elle l'est au début mais quand elle comprend, elle va quand même faire face. Et c'est aussi une des choses qui me permettait de tenir ce suspense. C'est le fait que les personnages se retournent et que l'on ne soit pas sur une autoroute toute tracée où ils suivent leur chemin en étant toujours dans le même sentiment. Les retournements, pour moi, ils sont aussi psychologiques. C'est quelque chose qui est important, je trouve, pour que l'on adhère justement aux péripéties.
Ensuite, quand on fait un thriller, il y a aussi la mécanique. C'est un petit peu d'horlogerie pour bien visser les rouages, que l'on ne s'ennuie jamais et qu'il se passe toujours quelque chose. Où est-ce qu'on met la tension ? Où est-ce qu'on la relâche ? C'est un travail un peu technique qui est très amusant à faire lors de l'écriture.
De quoi vous êtes vous inspiré pour écrire ce film ?
On puise un peu partout quand on écrit. J'ai évidemment pensé à des histoires autour de moi et j'avais aussi des choses en tête. Si je devais avoir un modèle, ce serait Liaison fatale avec Glenn Close et Michael Douglas dans laquelle il y a une histoire de harcèlement et qui est un film d'une misogynie absolument monumentale. Mais qui marche très bien. Dedans, c'est le mari qui est adultère et donc cela m'intéressait de retourner ces codes et de prendre le contre-pied.
Pour incarner les personnages principaux, vous avez choisi Elodie Bouchez, Omar Sy, Vanessa Paradis et José Garcia. Comment avez-vous eu l'idée de ce quatuor d'acteurs ?
D'abord, ce sont des acteurs formidables. On pense vite à eux. Ensuite, j'avais déjà travaillé avec trois d'entre eux puisque j'avais fait mon dernier film Le Torrent avec José et Cornouaille avec Vanessa. Omar, c'était différent. On était partenaires et on avait travaillé ensemble dans Intouchables où l'on avait créé une vraie complicité. Pour Elodie, on s'était croisées sur un tournage il y a longtemps, mais on ne se connaissait pas vraiment.
Lorsque l'on a un film à quatre personnages, l'équilibre est plus délicat à trouver. Il faut bien y réfléchir. Par exemple, pour les deux garçons, qui sont tous les deux assez à contre-emploi de ce qu'ils font d'habitude, je me suis un peu demandé, lequel pourrait faire quel rôle. Alors que pour les filles, c'était plus évident.
En toile de fond, ce thriller prend place en Bretagne. Pourquoi avoir choisi Vannes pour tourner ce film ?
Au départ, j'avais choisi la Bretagne car j'y ai déjà tourné Cornouaille et Les invités de mon père. Donc j'ai un rapport particulier à cette région, j'aime la filmer. Et il me fallait une ville de l'importance de Vannes par rapport à mon histoire, pour la manière dont les gens se croisent et se retrouvent.
Vous la mettez en avant en montrant son port, ses rues médiévales et vous la citez...
Ah oui, l'histoire est censée se passer à Vannes. On ne triche pas du tout sur le lieu de tournage.
Certaines scènes du travail de Marie ont même été tournées dans les locaux de l'agglomération de Vannes. Vous avez eu l'autorisation ?
Tout à fait, on a été même très bien accueillis (rires). C'était vraiment chouette parce que, architecturalement, c'est un endroit intéressant. Tourner des bureaux peut être un ingrat parfois.
Vous avez essuyé plusieurs tempêtes lors du tournage fin 2023 ?
On a eu trois tempêtes. Ça se voit un peu d'ailleurs dans le film mais on s'en est sorti. Il y a une scène où d'ailleurs moi je trouvais que la tempête allait très bien et c'était parfait avec l'humeur. Mais on a été un peu mouillés.
J'ai une première assistante qui est assez formidable. Elle sait que je n'ai jamais de chance sur les tournages avec la météo donc elle était branchée en permanence sur toutes les stations météo. Puis, elle réorganisait et déplaçait les scènes comme un Rubik's Cube. On arrive toujours à se débrouiller.
« Dis-moi juste que tu m’aimes » d'Anne le Ny (1h51). En salle le 19 février 2025.
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