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Le mot de la semaine : "intempéries", par Jean Pruvost

Le mot de la semaine : "intempéries", par Jean Pruvost

Un article rédigé par Jean Pruvost - RCF, le 19 février 2025 - Modifié le 19 février 2025
Le mot de la semaineLe mot de la semaine : "intempéries", par Jean Pruvost

LE MOT DE LA SEMAINE - La tempête Herminia ravage l'Ouest de la France métropolitaine depuis dimanche 26 janvier au soir. Aujourd'hui, Jean Pruvost revient sur le mot "intempéries", qui a des répercussions bien réelles sur le pays.

 

Jean Pruvost © Pascal HausherrJean Pruvost © Pascal Hausherr

Deux tempêtes successives assorties de très fortes pluies se sont abattues sur l’ouest de la France avec plus de dix départements en vigilance orange et l’annonce de nouvelles « submersions » et de « vents » violents, donc des « intempéries » de forte intensité. « Intempéries », un mot dont les origines et l’histoire méritent d’être éclairées.  Penchons nous tout d’abord sur son berceau étymologique. Il suffit de consulter la première édition du Dictionnaire de l’Académie française, publiée en 1694, et le Dictionnaire de la langue française d’Émile Littré, publié en 1873, pour bénéficier à chaque fois d’un renvoi à un autre mot, et on devine qu’il s’agit du mot « tempéré ». Tout commence en effet ici par le verbe latin « temperare » qui s’assimilait au fait de « garder la mesure », de « modérer l’excès de quelque chose », de l’« adoucir ». Il venait lui-même de « tempus », désignant un « temps favorable », et c’est avec ces significations que le verbe « tempérer » est entré en français au milieu du XIIe siècle, et son participe passé, « tempéré », au XIIIe siècle. signifiant naturellement « modéré ». Ainsi, dès la première édition du Dictionnaire de l’Académie on lira qu’on peut « tempérer le froid par le chaud, tempérer l’aigre par le doux » et, s’agissant du corps, « tempérer une ardeur d’entrailles par des (p)tisanes rafraîchissantes ». Et le participe passé ayant comme il est joliment dit « les significations de son verbe », viennent les « climats tempérés », ces derniers étant ceux « où il ne fait ny trop chaud ny trop froid »

Des intempéries parfois tempérés

L'usage du mot tempéré est attesté en langue française en 1534, issu en droite ligne du latin « intemperies », excès, dérèglement, avec au reste un adjectif devenu archaïque, « intempéré », que l’on retrouve doté d’un exemple plaisant dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie, exemple où je me sens clairement visé : « C’est un homme intempéré en toutes choses, il est très intempéré dans son boire et son manger. » Bon… je ne le suis pas dans « le boire », mais mon épouse vous dira que je le suis hélas dans le « manger » ! Mais revenons à l’intempérie, alors au singulier, ainsi précisée : « On souffre beaucoup de l’intempérie de l’air », suivi d’un exemple physiologique : « les corps se ressentent de l’intempérie des saisons », ou encore « cet homme est malade d’une intempérie d’entrailles ». Je vous rassure, Pierre-Hugues, ce n’est pas mon cas… Il faudra attendre l’édition de 1835 pour qu’apparaisse le pluriel qui va devenir ensuite omniprésent avec cet exemple : « Être exposé à toutes les intempéries de l’air, ou simplement, à toutes les intempéries. » Arrière nos entrailles, et on ne fera plus maintenant allusion qu’aux « dérèglements dans les conditions atmosphériques », en précisant dans tous les dictionnaires, que le mot se dit surtout au pluriel. 

Intempéries dans les mots croisés

Eh bien oui, en évitant de penser à un fromage d’appellation bien proche. Que sont en effet les « intempéries » ? Un « caprice des cieux » bien sûr... « Ô temps, suspends tes caprices… » aurait pu dire Lamartine ! On formule en tout cas ce vœu climatique. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le mot de la semaine
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