Jean-Paul Savart
" Le totem de Moussa " (Éditions du Poutan)
Dans la poussière du Sahel, Moussa, sa sœur Sebadina et leurs copains jouent au foot pieds nus avec une balle en chiffon. Un jour, des « soldats de Dieu » envahissent le village, le réduisent en cendres et massacrent tous ceux qu'ils trouvent.
Les deux adolescents et quelques rescapés entament alors une longue fuite à travers le Burkina Faso ravagé par la violence des hommes et celle du climat.
Leur périple les conduira en France, jusqu'au stade Geoffroy Guichard de Saint-Étienne.
La chronique de Jacques Plaine
JEAN PAUL SAVART
Le Totem de Moussa
Éditions du Poutan
Jean Paul Savart, journaliste sportif, a couvert
l’actualité du football pour Le Progrès, France 3 et
Libération, il est aussi l’auteur de « Passe ton Tour
Tonin ».
De pétarades de motos armées de kalachnikovs en
crépitements de jeeps hérissées de mitrailleuses, de
vociférations de combattants qui crient « Dieu est grand »
en tirant en l’air « au risque de blesser celui qui les
commande de là-haut », de coup d’État en putsch, de
révolte en émeute, de capitaine président en président en
treillis, ainsi va depuis des plombes le Burkina Faso.
Dans ce monde où « les lions se mangent entre eux » mais
où parfois Allah et Dieu font bon ménage, Moussa et sa
petite sœur Sebadina jouent au foot. Au ballon, pieds nus,
avec leurs copains et grâce à un machin-truc « fabriqué
avec des restes de chambres à air crevées, des chiffons et
plein d’autres ustensiles qui trouveraient leur place dans
une décharge s’il en existait une au village ». Ils jouent, heureux et décontractés, dribblent,
esquivent, tirent au but jusqu’au jour où « des soldats de Dieu » envahissent le village.
Ce jour là « Moussa a pris la main de Sebadina pour courir avec elle se cacher dans les
buissons ». De leur abri ils verront leur père rendre l’âme la gorge tranchée par un barbare,
leur demi-frère exploser sous une rafale de Kalach et leur mère hurler sa douleur tout en
remerciant Dieu de les avoir épargnés.
Ensuite ce sera l’errance. Une longue fuite dans la poussière de la brousse. Une longue
course qui de rebond en rebond les conduira d’une capitale à l’autre, de Ouagadougou à
Bobo-Dioulasso et même grâce au petit ballon qu’ils ont aussi bien dans la tête qu’au bout
du pied, de l’autre côté de « la grande eau ». Chez nous à Saint-Étienne.
Au stade Geoffroy Guichard que leur fera visiter le président Roland Romeyer, au musée
des Verts où Philippe Gastal leur racontera le Ballon d’or de Salif Keita et son odyssée en
taxi. Moussa se retrouvera ensuite au centre de formation de l’Étrat, Sebadina au parc des
sports de l’Étivallière.
Pour le plaisir enfin - et non pour apprendre le français qu’ils parlent fort bien grâce à leur
institutrice madame Aminata qui elle-même avait fait la fierté de ses maîtres à « l’école des
Blancs » - ils viendront faire un tour à « Lire à Saint-Étienne ».
Un petit tour mais un tour quand même.
Magazine littéraire en lien avec l'association de promotion de la lecture "Lire à Saint-Étienne".
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