Connu surtout en tant que référence dans le domaine de la physique, André-Marie Ampère était un homme brillant catholique au chemin de foi complexe. Marqué par la disparition brutale de son père et de sa première épouse, il est décrit comme un homme d’une grande bonté par ses amis philosophes. À l'occasion des 250 ans de la naissance du physicien, focus sur sa vie avec un spécialiste de cette grande figure lyonnaise.
Son nom est surtout connu pour être celui de l’unité de mesure du courant électrique : André-Marie Ampère naît le 20 janvier 1775 à Lyon, il y a 250 ans. Mathématicien, physicien, philosophe, botaniste, « Ampère était à peu près tout à la fois, une sorte de génie à la Blaise Pascal », estime Xavier Dufour, membre de la Société des Amis d'André-Marie Ampère et professeur de mathématiques et de philosophie au groupe scolaire Sainte-Marie Lyon, au micro d'Anaïs Sorce. Pourtant, le natif du quartier de Saint-Nizier n’est jamais allé à l’école. Autodidacte, il apprend à lire seul et s'intéresse aux sciences dans leur diversité. Aidé par son excellente mémoire, il est à l'origine du télégraphe électrique, du solénoïde mais surtout des bases de l'électronique.
Pour autant, s'il rassemble aujourd’hui plusieurs scientifiques autour d’une table ronde en son honneur à Lyon, André-Marie Ampère n’était pas seulement un savant reconnu : c'était également un homme guidé par sa foi.
Le physicien était décrit par ses pairs comme « un homme d’amitié et d’amour ». Baptisé à l'église Saint-Nizier à Lyon, celui qui a « toujours eu une quête religieuse très forte avec beaucoup de vicissitudes évolue dans un milieu catholique de tendance sociale », selon Xavier Dufour. Dans la première partie de sa vie, Ampère connaît un chemin de foi complexe et douloureux. Élevé selon les principes de Rousseau, le jeune homme s’est toujours questionné sur sa croyance qu'il pouvait perdre puis retrouver.
Sa conviction religieuse est en effet impactée par les épreuves personnelles qu'il a connues : son père est exécuté pendant la Terreur en 1793 alors qu’Ampère n’a que 18 ans. En 1803, il perd son épouse Julie Caron, son plus grand amour, à la suite d'une maladie.
« Ceux qui ont connu l’intelligence de cet homme n’ont connu que la moitié la moins parfaite », déclarait le bienheureux Frédéric Ozanam, à l'origine de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, au sujet d’Ampère, l’un de ses mentors.
Dans la seconde partie de sa vie qu’il passe essentiellement à Paris, « Ampère a une relation avec Dieu plus assurée », confie Xavier Dufour. Le célèbre physicien a pu se lier d'amitié avec les philosophes Pierre-Simon Ballanche, Claude-Julien Bredin et le philosophe d'orientation spiritualiste Maine de Biran avec lesquels il partage ses idées. Ses amis sont ainsi les témoins de l’évolution d’Ampère dans sa foi, mais également de sa passion pour la philosophie, qui illustre finalement sa volonté de trouver des réponses à ses questions sur l'Homme, création de Dieu. Une discipline qui le conduit à enseigner à la faculté de Lettres de l’Université de Paris, en parallèle des cours de mathématiques qu’il donne à l’École Polytechnique.
Il continue d’enseigner jusqu’à sa mort en 1836. Des décennies plus tard, un hommage important à son œuvre est rendu : en 1888, le lycée de Lyon est rebaptisé en son nom. C'est l'actuel lycée Ampère dans le 2e arrondissement.
Son nom est aussi celui d'un arrêt du métro A juste avant le terminus à Perrache (Ampère - Victor Hugo). Néanmoins, à Lyon, il reste très peu identifié comme originaire de la ville : aujourd'hui, seule la moitié des habitants sait qu'il vient de Lyon, d'après une étude des lycéens du Lycée Ampère menée début 2025.
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