Pour lutter contre le fléau du harcèlement scolaire, les chefs d’établissement disposent d’un nouvel outil : un escape game. Un jeu de mise en situation pour les élèves du CM2 à la 3e créé par l'association de parents d'élèves de l'enseignement libre (Apel) du Rhône, en partenariat avec Games 42.
Nicolas, Lindsay, Lucas, Anna-Chloé, Dinah, Alisha, Evaëlle, Marion, Jonathan… Ces dernières années, les prénoms des victimes de harcèlement scolaire s’égrènent en secouant la France à chaque nouveau drame. Malgré les dispositifs mis en place dans les écoles, 5% des élèves seraient victimes de harcèlement scolaire, soit près de deux élèves par classe.
Pour accompagner les chefs d’établissements et les personnels éducatifs dans leur lutte contre ce fléau, l'association de parents d'élèves de l'enseignement libre (Apel) du Rhône, en partenariat avec Games 42, a créé un nouvel outil pédagogique : un escape game. « On a souvent des informations très descendantes sur le harcèlement. C'est très institutionnel, moralisateur peut-être parfois. Pour pouvoir toucher les enfants, quoi de mieux que le jeu ? » argue Isabelle Lamotte, présidente de l’Apel 69. Avec « Le Secret d’Anatole », les élèves se retrouvent par groupes de 5 à 6 enfants pour décrypter des énigmes en s’appuyant sur le scénario conçu par Games 42 : Anatole, nouvel élève au collège, ne vient plus en classe et dans son sac à dos que ramène une de ses amies un matin, son journal intime est cadenassé.
Le jeu commence alors pour les élèves, amenés à lire « au fur et à mesure de cette aventure ce qui est arrivé à Anatole et son ressenti, surtout ». Car l’objectif du jeu est de faire comprendre aux enfants dans un climat qui n’est pas anxiogène « que leurs mots, leurs actions ont un poids qui pourrait parfois être délétère pour les autres ». Isabelle Lamotte considère que les élèves connaissent le harcèlement scolaire parce que « tout le monde en parle, ils savent ce que c'est, c'est très médiatisé, on en parle dans les familles » mais par le jeu, les scolaires « reçoivent le message de manière très positive ».
Proposé depuis novembre 2024 dans les établissements, essentiellement catholiques, « Le Secret d’Anatole » invite les élèves à se mettre à la place de la victime pour comprendre les mécanismes du harcèlement : moqueries sur ses vêtements, méchancetés sur les réseaux sociaux ou sur WhatsApp… « L’objectif, c'est de faire reconnaître aux jeunes qu'ils ont tous un rôle à jouer dans la prévention et contre le harcèlement » ajoute Isabelle Lamotte.
Dans le cadre de sa coopération avec la Maison de Protection des Familles, au sein du groupement de gendarmerie départementale, l’Apel a compris que « le harcèlement, c'est un système».
Il n'y a pas qu'un harceleur et un harcelé, il y a tout un système de construction sociale avec le rôle de la cour, par exemple, qui va suivre le harceleur, lui donner du pouvoir, une sorte de statut. Ensuite vous avez les suiveurs, ceux qui ne vont pas forcément se battre contre ça, peut-être par peur aussi de devenir harcelés ou parce que ce n'est pas facile quand on a 12 ou 15 ans de dire non devant tout le monde. Donc nous, on a voulu, avec ce jeu, donner le pouvoir à ces enfants de ne pas liker, de dire « ce message-là je ne vais pas l’envoyer », de leur faire comprendre que cette petite parole, cumulée à d’autres est importante.
Alors que des cours d’empathie sont aujourd’hui dispensés dans les écoles, l'objectif est aussi de leur faire prendre conscience des autres autour d'eux. Mais l’Apel 69 est lucide : « Anatole n'est pas une solution à un harcèlement. Ce n’est pas parce qu'on met Anatole en place qu'il n'y aura plus de harcèlement mais cela donne des clés à ces enfants, cela les aide à repérer les systèmes et à ne pas y aller ».
Les premiers retours sont très encourageants pour l’association de parents d’élèves. « Ça libère la parole » affirme Isabelle Lamotte, « ils se rendent compte de tout ce qui se passe et ils revivent un petit peu leur situation personnelle ». Certains élèves réalisent même, en sortant de la séance, qu’ils sont, peut-être, des harceleurs sans même s’en rendre compte.
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