A l’instar de Montpellier, où le projet est déjà bien avancé, Strasbourg se lance dans l’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation. Un projet soutenu à l’échelle nationale par les Écologistes, qui soutiennent un projet de loi en ce sens.
Le système est bien rôdé : tendre sa carte vitale au médecin ou en pharmacie est devenu un geste ancré dans le quotidien des Français. Mais depuis peu, des associations réfléchissent à l’étendre au domaine de l’alimentation. Après tout, la question du bien manger ne fait-elle pas partie intégrante des enjeux de santé publique ?
Si aujourd'hui, le parti des écologistes s’empare du sujet à l’échelle politique, à l’échelle citoyenne, l’initiative existe depuis plus longtemps. Née en 2021, la sécurité sociale de l’alimentation connaît actuellement une expansion dans l’Hexagone, avec toujours les mêmes lignes directrices. A Strasbourg, par exemple, le projet débute tout juste. Il est supervisé par l’association ‘Pour une sécurité sociale de l’alimentation Alsace’ et se calque sur le même mode de fonctionnement que les autres expérimentations locales. 150 euros, crédités chaque mois sur la carte du bénéficiaire, pour l’achat de produits conventionnés. Comme pour la sécurité sociale ‘classique’, chacun cotise selon ses moyens (voire pas du tout, pour les personnes sans revenus).
Les critères sont définis selon un système démocratique. C’est le collectif citoyen de chaque ‘caisse’ qui choisit, en totale autonomie, les barèmes, mais aussi les produits alimentaires et les producteurs retenus dans cette boucle qui se veut vertueuse. Des piliers fondateurs proches des racines historiques de la sécurité sociale, initialement conçue dans une logique solidaire et horizontale, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. A Strasbourg, le collectif citoyen est en phase de création dans le quartier de Koenigshoffen. Il bénéficie du soutien de la municipalité et l’association ‘Pour une sécurité sociale de l’alimentation’ n’exclue pas de l’étendre à d’autres quartiers.
Si les membres de l’association sont autant convaincus, c’est parce ce que le projet s’attaque à diverses problématiques, à commencer par celle de la précarité alimentaire. Exit l’aide classique, basée sur le modèle de la distribution ou des restaurants solidaires. La sécurité sociale de l’alimentation entend lutter contre le système de dons, qui permet à certaines entreprises de bénéficier d’une défiscalisation et de justifier leur surproduction. Ici, le bénéficiaire retrouve une rôle actif en faisant partie du collectif de gestion démocratique de la caisse. Du côté des fournisseurs (magasins ou producteurs locaux), ce sont surtout les circuits courts et alternatifs qui sont privilégiés. Une façon de soutenir la production locale, tout en amenant les bénéficiaires à découvrir cette filière qu’ils ne connaissent pas forcément, plus proche d’eux que les allées du hard-discount. Reste la question du budget, pour compléter la caisse. Au niveau national, la proposition de loi est présentée le jeudi 20 février 2025.
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