Quelques semaines après sa sortie de prison au Groenland, le militant écologiste Paul Watson, surnommé « le pirate des océans », continue son combat depuis la France. Toujours poursuivi par Interpol pour ses actions militantes jugées illégales par certains pays, le fondateur de Sea Shepherd, connu pour sa défense des baleines et de la biodiversité marine à travers le monde, nous a accordé un entretien.
L'ancien activiste de Greenpeace était de passage à Lyon le 5 février 2025, dans la ville d'Interpol, pour une conférence à l'université Jean Moulin Lyon III sur les enjeux juridiques autour de sa récente détention.
Après 4 mois passés en prison, Paul Watson est de retour en France où il habite depuis quelques années. Accompagné et soutenu par Sea Shepherd France, le Canado-Américain continue son combat pour la biodiversité, avec son principe de non-violence agressive, qu'il définit de la sorte : « Si vous intervenez contre le braconnage d'un éléphant, par exemple en détruisant l'arme du braconnier, c'est de la non-violence agressive ».
Celui qui mène des opérations en mer depuis plus de 50 ans est poursuivi par certains pays comme le Japon, qui lui reproche d'avoir blessé un marin dans une action pour empêcher la flotte nippone de capturer les baleines. « Il n'y a absolument aucune preuve que qui que ce soit ait été blessé lors de ces missions ».
Interpol a la responsabilité de mener des enquêtes pour s'assurer de la validité des reproches qui me sont faits
Le militant écologiste pointe dans cette affaire la responsabilité d'Interpol (dont le siège est à Lyon), qui sert de base pour édicter un mandat d'arrêt à son encontre, même s'il n'est plus officiellement inscrit sur la liste des personnes poursuivies. C'est justement avec un mandat d'arrêt autorisé par Interpol que le Japon demandait son extradition de sa prison au Groenland : « Interpol a la responsabilité de mener des enquêtes pour s'assurer de la validité des reproches qui me sont faits et doit cesser de se laisser utiliser par certains gouvernements pour traquer ses opposants politiques ».
Depuis 1986, un moratoire interdit la pêche à la baleine, et le Japon a été condamné par la Cour Internationale de justice de La Haye. Selon Paul Watson, le problème se trouve dans le fait qu'il « manque la volonté politique et économique de faire respecter la loi ».
Je ne m'inquiète pas pour l'avenir, car nous n'avons aucune prise dessus
Malgré tout, le fondateur de Sea Shepherd continue de défendre la biodiversité marine, et se montre combatif : « Je ne m'inquiète pas pour l'avenir, car nous n'avons aucune prise dessus [...]. C'est dans le présent qu'il faut qu'on se focalise puisque c'est ce qu'on va faire aujourd'hui qui va déterminer ce qu'on va faire demain ».
Si l'océan meurt, nous mourrons
Paul Watson veut continuer à porter son message d'espérance, tout en alertant sur la destruction des océans : « Il y a deux façons de voir le monde : une vision anthropocentrique avec l'Homme au centre, et la vision biocentrique avec l'Homme comme faisant partie du vivant. Toutes ces espèces que nous détruisons sont tellement importantes, elle n'ont pas besoin de nous, mais nous nous avons besoin d'elles, donc si on veut survire sur cette planète, il va falloir qu'on apprenne à vivre en harmonie avec elles ».
Pour le partisan de cette vision biocentrique, tout est lié : « Par exemple, si le phytoplancton disparaît, nous mourrons tous [...]. Si l'océan meurt, nous mourrons ».
Rencontre avec les acteurs et actrices de l'écologie dans la région lyonnaise. Chaque samedi à 10h (rediffusion le dimanche à 17h30), Thierry Weber reçoit celles et ceux qui agissent pour protéger notre « maison pour tous ».
Une émission produite pour RCF Lyon, également diffusée sur RCF Pays de l'Ain.
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