Vendredi 19 mai, les Iraniens sont appelés aux urnes. L’élection d’Hassan Rohani il y a quatre ans avait soulevé l’enthousiasme mais celui que l’on présentait alors comme le président des droits de l’homme a déçu à bien des égards. Le guide suprême iranien a appelé ses compatriotes à se mobiliser lors de la présidentielle de ce vendredi, pour afficher face aux ennemis leur calme et leur détermination.
Cette année, l’Iran pourrait basculer de nouveau dans le camp conservateur. "La question principale qui se pose est de savoir si le président sortant pourra se faire réélire et continuer ses réformes, y compris l’ouverture vers le monde extérieur et notamment vers l’Europe, ou si finalement son rival parviendra à se faire élire grâce à son soutien auprès du guide et des gardiens de la révolution. Auquel cas le pays aura bien évidemment un autre avenir" explique la sociopolitologue Azadeh Kian, professeur à l'université Paris Diderot.
Elle ajoute que "le président n’est que le chef du gouvernement alors que le guide est le chef de l’Etat. Il a sous son contrôle les forces armées. En même temps, selon la Constitution de la République islamique, le président a beaucoup de pouvoirs. Notamment celui de pouvoir constituer son gouvernement. Ce qu’on a pu constater durant la campagne électorale, c’est que Monsieur Rohani a attaqué et critiqué les trois institutions qui sont sous le contrôle du guide. C’est totalement inédit. Le président Rohani remet actuellement en question les prérogatives du guide."
Le rival d’Hassan Rohani, Ebrahim Raisi, faisait partie de l’équipe qui a voté en faveur de l’exécution de 4 000 prisonniers politiques en 1988. "On l’appelle de ce fait l’ayatollah de la mort. Il a toujours continué à servir dans le judiciaire. Il a ordonné beaucoup d’exécutions. L’an dernier, il a été nommé à la tête de la fondation la plus riche d’Iran. De ce fait, il a à sa disposition des milliards de dollars qu’il n’hésite pas à utiliser dans le cadre de sa campagne" précise Azadeh Kian.
On dit que le président sortant a toutes les chances d’être réélu. Pourtant il a déçu à bien des égards. Azadeh Kian ne pense cependant pas que l’Iran pourrait rebasculer dans le camp conservateur. "Les déçus de Rohani ont vu un candidat ultraconservateur qui ont pour projet d’opérer des régressions. Maintenant, la craint de l’électorat est que si Raisi se fait élire, ce sera sûrement sur le compte de fraudes électorales" conclut-elle.
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