Toujours plus d'adultes et d'adolescents demandent le baptême dans l'Eglise catholique. Ils sont près de 200 cette année en Haute-Savoie. Un enjeu, pour les paroisses, souligne Mgr Yves Le Saux. L'évêque d'Annecy qui évoque aussi dans cet entretien sa visite au Burkina-Faso, la pièce de théâtre sur les abus sexuels en Eglise ou encore la fragilité du Pape François.
RCF : Vous avez réalisé courant février un voyage au Burkina-Faso, pour les 125 ans de l'évangélisation du pays. Qu'en gardez-vous ?
Mgr Yves Le Saux : Vous savez que le pays est dans une situation difficile : des bandits et des terroristes font des razzias. Notamment dans le diocèse de Fada N'Gourma, avec lequel le diocèse d'Annecy est lié. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai accepté l'invitation : c'est maintenant qu'il faut leur manifester notre soutien ! J'ai été marqué par leur joie, malgré ces circonstances. J'ai aussi vu comme les communautés tiennent le coup, même quand les églises sont détruites ou qu'il n'y a pas de présence sacerdotale. Il y a de vraies fraternités de quartiers ou de rues. J'en rêve !
Incorporer les catéchumènes aux communautés nous pousse à une conversion. Cela pourrait changer la physionomie de nos paroisses !
RCF : Le carême a démarré cette semaine. Quarante jours au cours desquels les catholiques sont appelés à se rapprocher de Dieu par le jeûne, la prière, le partage. Quarante jours aussi marquant la fin de la préparation au baptême pour les adultes et adolescents qui recevront le sacrement à Pâques. Ils sont de plus en plus nombreux : près de 200 catéchumènes cette année en Haute-Savoie ! Quels enjeux pour l'Eglise ?
Mgr Yves Le Saux : L'augmentation du nombre de catéchumènes se vérifie dans presque tous les diocèses. D'abord, écoutons les, faisons-les parler : comment Dieu les a rejoint ? Les histoires sont très diverses. Notre mission est ensuite de les accueillir. Les équipes qui les accompagnent dans les paroisses font de la catéchèse, les aident à discerner s'ils sont prêts à suivre Jésus. Mais un de leur défi majeur, c'est surtout de mettre en relation les catéchumènes avec le reste communauté ! Avant le baptême, ils doivent pouvoir se constituer un réseau amical et fraternel. Incorporer les catéchumènes aux communautés nous pousse à une conversion. Et si nous réussissons cela, cela pourrait changer la physionomie de nos paroisses !
Il faut que nous restions toujours vigilants sur la question des abus
RCF : La pièce de théâtre Pardon sera jouée en Haute-Savoie du 25 au 27 mars. Elle raconte le viol d'un enfant par un prêtre et les conséquences de ce crime sur la victime. Avez-vous tenu à ces représentations pour rappeler aux catholiques que la vigilance doit être constante ?
Mgr Yves Le Saux : C'est exactement cela. Je connais l'auteur et j'ai vu la pièce. Il dit des choses fortes et claires, dérangeantes mais respectueuses. Je sais que certains se disent fatigués d'entendre parler de tout cela. Mais il faut que nous restions toujours vigilants sur la question des abus.
La fragilité du Pape n'est pas une crise pour l'Eglise
RCF : Dans les conversations des catholiques ces jours-ci : la santé du Pape. Comment vous vivez sa fragilité, en tant qu'évêque ?
Mgr Yves Le Saux : Bien sûr cela m'émeut : je suis attaché à sa personne et je n'ai pas envie qu'il meure. Mais, comme pour nos vieux parents : c'est un homme de 89 ans ! C'est une étape de la vie. Qu'il renonce comme Benoît XVI ou qu'il reste, comme Jean-Paul II, j'attends tout simplement qu'il prenne sa décision droitement devant Dieu. Les cardinaux qui seront un jour chargés d'élire un autre pape voteront en conscience. Et puis, nous l'accueillerons, tel que Dieu nous le donnera. Un journaliste m'a demandé récemment si c'est une crise pour l'Eglise. Pas du tout ! Les questions mondiales, avec la guerre en perspective : ça c'est une vraie crise.
RCF : Pour finir, en cette année jubilaire de l'Espérance, pouvez-vous nous partager un petit signe d'espérance, de ces derniers jours.
Mgr Yves Le Saux : Il y a les catéchumènes que je vais rencontrer, nous en avons parlé. Et puis, récemment, j'ai pris quelques jours pour prier à l'abbaye de Tamié. La vie simple et donnée de la communauté m'a apaisée. Je me dis que beaucoup de personnes aspirent à une forme d'intériorité, aujourd'hui. Et quand je vois que certains en prennent les moyens, cela me réjouit.
Mgr Le Saux, évêque d'Annecy et Mgr Verny, archevêque de Chambéry, évêque de Maurienne et de Tarentaise, sont régulièrement interrogés sur la vie de leurs diocèses ainsi que sur l'actualité de l'Église et du Monde.
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