Le musée du Louvre cristallise l'attention depuis la publication le 22 janvier d’une note de sa directrice, alertant notamment sur la vétusté des lieux. Emmanuel Macron se déplace mardi après-midi pour faire des annonces sur l’avenir du plus grand musée du monde.
Le Louvre ne va pas s’effondrer du jour au lendemain. Mais le musée est confronté à de très sérieux problèmes de vétusté. Toutefois la note "confidentielle" de Laurence des Cars à la ministre de la Culture Rachida Dati, dévoilée par le Parisien le 22 janvier, n’est pas la première alerte.
Les problèmes sont connus depuis longtemps. En novembre 2023 par exemple, une exposition avait dû être fermée en urgence en raison d’infiltrations d’eau. "Il n'y a pas une semaine sans que des salles, des réserves, voire des espaces de travail soient inondés gravement. On constate des pannes d'électricité qui paralysent des ailes entières ou enfin des pannes d'ascenseur récurrentes" liste Christian Galani, représentant du personnel CGT au musée du Louvre. Ce qui a des conséquences sur les conditions de visite, les conditions de travail des personnel, mais aussi pour les œuvres présentées dans le musée. "On a des salles qui sont à 12 degrés et en été, au contraire, des espaces qui sont à plus de 30 degrés. Quand vous faites subir à des œuvres des variations de température aussi importantes, cela se répercute sur l'intégrité de l'œuvre elle-même" souligne Christian Galani.
Le représentant de la CGT pointe en parallèle à ces dégradations : "une perte d'effectifs chroniques dont fait l'objet l'établissement, plus de 200 emplois en 15 ans qui ont été perdus".
Or, les travaux nécessaires se chiffrent, en "centaines de millions d'euros" selon la direction du musée. "Rien que la mise aux normes de l’électricité, ce sont 100 millions d’ici 2036" évalue Christian Galani, alors qu’il constate que l’Etat réduit sa participation au budget du musée. "L’état du musée questionne sur la gestion des différentes directions y compris celle de Laurence des Cars qui est là depuis quatre ans. Si des travaux d’entretien n’ont pas été faits pourquoi ?" s’interroge Didier Rykner, directeur du magazine en ligne la Tribune de l’Art pour qui "des fonds existent".
Les comptes du Louvre affichent une certaine solidité. Le plus grand musée du monde affichait un excédent budgétaire de 12,8 millions d'euros en 2023, porté par "la progression des recettes de billetteries". Malgré des dépenses de fonctionnement élevées et en augmentation (323 millions d'euros, + 30 millions par rapport à 2022), rappelle l’AFP. En 2024, le musée a toutefois augmenté le prix du billet d'entrée pour faire face à la hausse des prix de l'énergie.
Dans sa note, la directrice du musée, Laurence, des Cars soulignait aussi les problématiques de flux de visiteurs et de sur fréquentation, près de 9 millions l’an dernier. L’entrée sous la pyramide, désormais sous dimensionnée, est saturée. Le projet d’une nouvelle entrée à l’extrémité de la cour Carrée est envisagé, le déplacement de la Joconde également. De nouveaux investissements lourds pour le musée, mais dont le financement est loin d’être fléché dans un contexte de crise budgétaire.
Si l’Elysée a promis ce lundi des annonces concernant le Louvre et son avenir aucune solution préconisée par le chef de l'Etat n’a été dévoilée. "Je crains que le président de la République ne profite de la fin du chantier de Notre-Dame pour se lancer un nouveau défi et apparaître à nouveau comme le sauveur d'un monument parisien" raille Didier Rykner.
Au soir de la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s'était mis en scène devant la pyramide de verre pour célébrer sa victoire. Aujourd’hui, la situation a bien changée. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, l’a rappelé lundi TF1. Dans un contexte d’économie, l'annonce éventuelle de fonds publics pour le musée "n'engage que le président".
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