Laudato si, 10 ans après

Alors que le sommet des océans touche à sa fin à Nice, il est temps pour les chrétiens de découvrir ou de redécouvrir Laudato Si. Cette encyclique parue en 2015 est presque devenue le symbole du Pape François qui a fait de l’écologie un sujet important de l’Église contemporaine. 

L’Église et l’écologie, vraiment compatibles ?

Lorsque le monde découvre en 2015 l'encyclique Laudato Si, c’est la surprise générale. Un Pape qui s'intéresse à l’écologie, une première. Pourtant, selon Corinne Lepage, c’est tout à fait normal. “Je ne comprends pas que l’on puisse affirmer que les questions écologiques ne sont pas l’affaire de l’Église”. Elle souligne que les religieux ont charge d’âme et que l’environnement est avant tout un problème qui touche les Hommes. “C’est une donnée qui est celle de nos conditions de vie tout simplement” déclare t-elle. Une question du bien être de l’humain, de sa santé et de son rapport à la nature plus généralement. Qui dit rapport à la nature dit rapport de l’Homme à la création. “Dieu créa l’homme à son image,
il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre”, nous dit la Genèse. Mais dominer la Terre ne veut pas dire la détruire et mettre en danger l’Humanité. C’est au contraire la vocation de l’Homme qui nous est donnée de voir dans ce passage de l’Ancien Testament. Un Homme qui doit prendre soin de la création que Dieu lui confie pour qu’il l’administre. Le philosophe Georges Steiner disait à ce propos “nous sommes les invités de la vie et nous devons laisser la maison plus belle en sortant que nous ne l’avons trouvé en entrant”. 

L’espérance, la clef de Laudato si

“Je n’ai pas le luxe de la désespérance” affirme Corinne Lepage. Car se désespérer c’est accepter que tout soit vain. Laudato Si, ne l’oublions pas, est avant tout un texte chrétien. Et, à ce titre, il nous incite à l’espérance. Ainsi, comme le rappelle l’ancienne ministre, “la vie est un perpétuel balancier”. Enseigner et transmettre les valeurs de Laudato Si est donc le meilleur moyen de voir naître, dans les années à venir, un sursaut ou une prise de conscience plus collective sur les dangers qui entourent notre environnement et nos conditions de vie. « Nous savons que les choses peuvent changer. Le Créateur ne nous abandonne pas, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. » affirme l’encyclique. Un appel à une double conversion, à la confiance en l’amour de Dieu tout d’abord et à l’espérance ensuite. C’est aussi une véritable conversion écologique qui est prônée dans cet extrait. Voir en la nature l'œuvre de Dieu est le premier devoir du chrétien qui doit ensuite apprendre à en prendre soin, dans la continuité de ses devoirs de baptisé. Mais au-delà d’un message purement religieux, Laudato Si est aussi pensée pour toucher les non croyants. Car l’écologie intégrale, comme l'appelait le Pape François, est un chemin pour tous.