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"Il faut réinventer l'industrie de la mode" : Sihem Dekhili

"Il faut réinventer l'industrie de la mode" : Sihem Dekhili

Un article rédigé par Emmanuelle Gründ - RCF, le 11 mars 2025 - Modifié le 11 mars 2025
Pour bien comprendrePour bien comprendre les dérives de la fashion week

Chanel au Grand Palais et Saint Laurent rue de Bellechasse… Les ténors français du luxe défilent mardi 11 mars, au dernier jour de la Fashion Week féminine de Paris. Si la haute couture reste un fleuron français, la mode est confrontée aux défis de notre époque, tant environnementaux qu'économiques et sociaux. Quels sont les enjeux de la mode aujourd’hui ? La réponse sur RCF et Radio Notre Dame de Sihem DEKHILI, chercheure en marketing durable au laboratoire BETA-CNRS, directrice de l’Institut MECE (Mode Éthique et Consommation Écologique), spécialiste de la consommation responsable.

Fashion week © mediafactory Fashion week © mediafactory

"Il s'agit d'un secteur qui a un pouvoir d'influence, une puissance symbolique très forte, un rayonnement international et puis une puissance financière assez forte" explique Sihem Dekhili, chercheuse en marketing durable au laboratoire BETA-CNRS, directrice de l’Institut MECE (Mode Éthique et Consommation Écologique). Le luxe est l'un des secteurs d'activité les plus lucratifs en France. Néanmoins, son impact écologique est notoire. 

Repenser l'industrie de la mode

L'industrie du textile et de la mode est le quatrième plus gros pollueur dans le monde. Chaque année, rien qu'en France, elle produit plus de 200 tonnes de déchets textiles. L'empreinte carbone due au marché de la mode prend une part importante dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

On a à peu près 20% des matières textiles qui deviennent des déchets avant même que le produit ne soit complètement conçu, produit et commercialisé auprès des consommateurs.

En effet, elle a un impact écologique et sociétal majeur. "Il y a un chiffre alarmant qui consiste à dire que l'on a du gaspillage de la matière première textile qui se fait avant même que le vêtement n'arrive dans les mains des consommateurs. On a à peu près 20% des matières textiles qui deviennent des déchets avant même que le produit ne soit complètement conçu, produit et commercialisé auprès des consommateurs" souligne la directrice de l'Institut. 

Il faut donc penser à proposer des vêtements qui durent dans le temps

En réaction à ce chiffre alarmant, les différents acteurs de la filière du textile et du luxe cherchent à promouvoir la durabilité des vêtements en favorisant l'utilisation de matière première moins polluante et durable comme les matières naturelles écolabellisées ou recyclées. "Il y a un intérêt à exploiter les chutes et aujourd'hui on voit qu'il y a des initiatives en termes d'upcycling qui favorisent la créativité. Il faut donc penser à proposer des vêtements qui durent dans le temps" rappelle la chercheuse. 

S'assurent de proposer des vêtements qui sont réellement utiles et adaptés aux usages des consommateurs.

Un autre élément clé pour repenser l'industrie du textile consiste en la durabilité fonctionnelle. C'est-à-dire que les acteurs de l'industrie du textile doivent s'assurer et s'engager à proposer des vêtements qui sont réellement utiles et adaptés aux usages des consommateurs. "C'est ce qui au final va permettre d'accroître le nombre de portées et ça sous-entend là aussi de mettre l'accent notamment sur les bénéfices esthétiques et sur le plaisir visuel " explique la directrice de l’Institut MECE. 

Nécessité d'une prise de conscience des consommateurs 

L'institut MECE (Mode Ethique et Consommation Ecologique) a produit récemment un baromètre mode éthique sur une part de la population française se considérant comme consommateurs. 

On a seulement 12 % des français interrogés qui considèrent qu'il s'agit d'impact catastrophique, près de 20% estiment même que les impacts environnementaux et sociaux liés à la consommation de leurs vêtements sont faibles, voire modérés.

"Il en ressort une faible conscience des enjeux environnementaux associés à la consommation de vêtements. On a seulement 12 % des français interrogés qui considèrent qu'il s'agit d'impact catastrophique, près de 20% estiment même que les impacts environnementaux et sociaux liés à la consommation de leurs vêtements sont faibles, voire modérés" explique Sihem Dekhili. 

L'un des freins majeurs à la consommation d'une mode durable est celui du prix. 

Ces pourcentages relativement élevés témoignent d'une nécessité de prise de conscience des consommateurs. Celle-ci peut notamment se faire par le biais d'articles, de diagrammes, de photographies, de reportages. Ils permettent de sensibiliser et d'alerter les consommateurs, face à l'impact écologique et social de la fast-fashion et ainsi de les inciter à acheter davantage de vêtements associés à la mode durable. Néanmoins, l'un des freins majeurs à cette nouvelle mode est le prix. En effet, acheter des vêtements durables, coûte plus cher notamment que  des vêtements produit par la fast-fashion notamment en raison de l'utilisation de matières naturelles et du temps de production.

Parmi les personnes interrogées, celles disant avoir acheté des vêtements durables l'ont fait chez des marques de fast-fashion telles Kiabi, H&M, Zara. 

De plus, les consommateurs sont généralement mal informés : "ils ne connaissent pas les caractéristiques d'un vêtement durable, quelles sont les marques aussi qui sont engagées et qui proposent des vêtements de la mode durable" souligne la chercheuse. Cependant, à la grande surprise des spécialistes de l'Institut MECE, parmi les personnes interrogées, "celles disant avoir acheté des vêtements durables l'ont fait chez des marques de fast-fashion telles Kiabi, H&M, Zara.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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