La France à l’heure de l’intelligence artificielle. Une semaine consacrée à l’IA débute ce jeudi avec comme point d’orgue un sommet international de l'action sur l'intelligence artificielle les 10 et 11 février à Paris. Où se situe la France dans la compétition mondiale de l’IA, dominée pour le moment par les Etats-Unis et la Chine ?
En organisant ce sommet sur l’intelligence artificielle Emmanuel Macron entend provoquer "un réveil européen" et offrir des alternatives dans la compétition mondiale de l’IA dominée pour le moment par les Etats-Unis et la Chine.
80 pays seront présents et des centaines d’entreprises et de chercheurs. Car l’IA est une science, presque aussi ancienne que l’informatique avec de multiples domaines d’application. Dans un contexte très concurrentiel, la France n’a pas à "rougir de sa recherche" souligne Benoit Le Blanc, professeur d’intelligence artificielle à l’institut polytechnique de Bordeaux et président de l’association française pour l'Intelligence artificielle.
"Nous avons un paysage de recherche très ancien sur tous les domaines de l'intelligence artificielle. Cette science a plusieurs volets, plusieurs pistes de travail. Et en France, toutes ces pistes sont représentées" explique-t-il.
Si la France est bien dotée au niveau de la recherche en revanche sur le plan des entreprises, on est loin des géants américains comme Open AI, Google Deepmind ou Meta AI.
"Depuis quelques années, des très grosses entreprises américaines ou chinoises, dégagent une énorme capacité financière. Beaucoup plus que ce que tout le monde est capable de faire. Aucun laboratoire public, même américain, ne peut rivaliser avec ces entreprises-là" constate Benoit Le Blanc. "Les big tech se sont lancées dans une course économique pour développer ce qu'on appelle des « killer applications ». C'est-à-dire des applications qui vont détruire le marché et tout ramener à eux" poursuit le chercheur.
Le nouveau président américain Donald Trump a d’ailleurs enfoncé le clou en annonçant le 21 janvier un nouveau projet d'intelligence artificielle, baptisé Stargate (porte des étoiles), avec jusqu’à 500 milliards de dollars sur quatre ans, des chiffres sidérants. "Le message envoyé aux investisseurs étrangers, c'est « Venez chez nous ». C'est aussi pour impressionner la Chine, pour rappeler qu'il y a une course technologique mais aussi financière, et que les États-Unis ont bien l'intention de rester devant" analyse Estelle Prim, fondatrice de l’observatoire des semi-conducteurs, spécialiste de géopolitique liée à l’IA. Il y a 15 jours, le modèle chinois d’intelligence artificielle Deepseek a été présenté, comme ayant été entraîné pour seulement 5 millions de dollars. Pour certains experts, cela pourrait représenter une nouvelle rupture technologique.
Le nouveau président américain Donald Trump a d’ailleurs enfoncé le clou en annonçant le 21 janvier un nouveau projet d'intelligence artificielle, baptisé Stargate (porte des étoiles), avec jusqu’à 500 milliards de dollars sur quatre ans, des chiffres sidérants. "Le message envoyé aux investisseurs étrangers, c'est « Venez chez nous ». C'est aussi pour impressionner la Chine, pour rappeler qu'il y a une course technologique mais aussi financière, et que les États-Unis ont bien l'intention de rester devant" analyse Estelle Prim, fondatrice de l’observatoire des semi-conducteurs, spécialiste de géopolitique liée à l’IA. Il y a 15 jours, le modèle chinois d’intelligence artificielle Deepseek a été présenté, comme ayant été entraîné pour seulement 5 millions de dollars. Pour certains experts, cela pourrait représenter une nouvelle rupture.
"Ni catastrophiste, ni angélisme", c’est le credo des organisateurs du sommet. Mais l’idée est bien de valoriser l’écosystème français, environ 750 start-ups. Par exemple Mistral AI qui a été fondé par plusieurs chercheurs français passés par les laboratoires de recherche des bigs techs américains. Mistral a lancé un outil conversationnel, baptisé "Le Chat", il y a un an. Au total, cette start-up a déjà levé près d’un milliard d’euros. Mais elle fait figure d’exception dans le paysage tricolore. Pour Louis Vildé, multi-entrepreneur de la French Tech : "la France ne peut plus viser un marché généraliste, mais à toute sa place sur des niches en faisant preuve d’agilité". Toutefois, la question du financement reste un problème en France, malgré un soutien à la recherche efficace. "Ensuite, au terme du capital risque ou du capital investissement, c'est délicat. Il faudrait peut-être un grand plan un plus ambitieux" estime Louis Vildé. Pour faire face au rouleau compresseur américain et à l’émergence de la Chine,"l’Europe devrait mieux protéger ses pépites" pense de son côté Estelle Prin. "Il faut protéger le marché européen et faire en sorte que les entreprises européennes soient en pointe sur les marchés européens. Il n'y a pas vraiment une concurrence pure et parfaite dans le secteur de l'IA. Et donc il faut que l'Europe change de stratégie" conclu-t-elle.
Selon l’Elysée, le sommet sur l’IA vise aussi "à renforcer l’action internationale en faveur d’une intelligence artificielle au service de l’intérêt général" avec une vison plus éthique et responsable. Car en parallèle, les craintes s'amplifient. 79 % des Français se disent "inquiets vis-à-vis de l'émergence des intelligences génératives". Un contre sommet sera d’ailleurs organisé le 10 février le 10 février au Théâtre de la Concorde, pour proposer un autre regard sur l’IA, évoquer les menaces et les questions éthiques qu’elle engendre aussi.
Chaque matin à 7h10, les journalistes de RCF décryptent un sujet d'actualité en profondeur, dans la Matinale RCF.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !