Les dirigeants de l'Union européenne se réunissent, ce jeudi 6 mars, à Bruxelles, pour un sommet extraordinaire afin de discuter de la poursuite du soutien à l'Ukraine et de la défense européenne. Comment, au Parlement européen, tous ces enjeux sont-ils perçus ? Éléments de réponse avec la Bretonne Isabelle Le Callennec, eurodéputée du PPE, le parti conservateur européen.
« Aujourd’hui la balle est dans le camp des chefs d’Etats européens », lance Isabelle Le Callennec à la veille du sommet qui réunira à Bruxelles les dirigeants de l’UE. Quelques heures après que Washington a annoncé suspendre toute aide militaire à l'Ukraine, la présidente de la commission Ursula Von Der Leyen a proposé, mardi, un plan nommé "Rearm Europe" qui, selon elle, pourrait permettre aux États membres de mobiliser jusqu'à 800 milliards d'euros pour financer une augmentation massive des dépenses de défense. Proposition qui sera sur la table, ce jeudi, à Bruxelles, lors d’un sommet extraordinaire des dirigeants de l’Union Européenne.
En parallèle, au Parlement européen, c’est sans surprise « la situation géopolitique qui occupe tous nos échanges […] on parle évidemment beaucoup de la guerre en Ukraine ces derniers jours », confie l’eurodéputée bretonne. Pour l’élue membre du PPE, il y a deux priorités : ne pas perdre de vue la « nécessité de renforcer notre défense et notre économie ».
Mais quelles sont les cartes qu’ont entre les mains, les Européens face au positionnement des Etats-Unis ?
« L’Europe a redit, ces derniers jours, qu’elle devait reprendre son destin en main ».
Cela passe, selon l’élue bretonne, par le fait de s’entendre sur « une nouvelle architecture de notre défense. Nous prônons le pilier européen dans l’OTAN . Il faut aussi que nous redéfinissions notre capacité de défense », détaille Isabelle Le Callennec. S’ajoutent à cela, les discussions menées avec les Britanniques malgré leur sortie de l’UE : « des coopérations sont possibles sur les questions de défense ».
Sur le financement de ces efforts, il y a encore du chemin à faire. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est positionnée : « elle a annoncé 800 milliards d’euros mais je ne sais pas vraiment où elle les trouve et pour financer quoi ?», s’interroge l’eurodéputée. Des fonds dégagés pour relancer l’économie après le Covid, ne sont pas tous utilisés. Ils pourraient donc être redirigés pour répondre à ces nouveaux enjeux. Mais quid des achats en commun d’armement au sein de l’Union européenne ? Isabelle Le Callennec plaide en tout cas, sur ce sujet, pour la préférence européenne.
En revanche, l’élue bretonne balaye d’un revers de main, la proposition d’Emmanuel Macron pourtant retenue par la présidente de la Commission européenne : piocher dans les fonds de cohésion. « L’association des Régions de France a réagi et ne souhaite pas qu’on aille chercher des financements dans ce fond qui n’est pas fait pour ça et dont les Régions ont absolument besoin pour développer leurs économies et la cohésion sociale ».
Dans tous les cas, l’Union européenne semble à la croisée des chemins. « L’UE est à un moment de son histoire, qui est très important. Elle doit s’interroger sur ses priorités », conclut l’eurodéputée.
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