Depuis plusieurs mois, le Centre Hospitalier Émile Roux du Puy-en-Velay fait face à une situation compliquée au service d’endoscopie. En cause : le comportement supposé d’un médecin envers l’équipe infirmière. Mais les faits seraient plus graves et pourraient porter atteinte à la santé et à la sécurité des patients.
Tout commence en décembre 2024. Face à une situation qualifiée d’insupportable, l’ensemble de l’équipe infirmière du service d’endoscopie du Centre Hospitalier Émile Roux du Puy-en-Velay se voit prescrire en arrêt maladie. Toutes décrivent un climat pesant et extrêmement grave au sein du service. Des propos déplacés de la part d’un médecin depuis plusieurs années, qui s'apparentent à du harcèlement selon les syndicats. La CGT pointe notamment un risque de passage à l’acte suicidaire de la part d’un ou plusieurs professionnels du service.
Face à cette situation, la sonnette d’alarme est tirée. Pour faire le point, une réunion de la formation spécialisée en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail (F3SCT) est organisée le 10 janvier 2025. À cette date, les infirmières n’ont déjà plus le droit d’aller exercer au bloc opératoire, refusées par le médecin mis en cause. Au cours de cette réunion, le comportement du professionnel est clairement pointé du doigt. Des propos dégradants : « fainéasse, grognasse, connasse, ménopausée » sont par exemple cités comme prononcés par le médecin selon les syndicats. Des « propos antisémites » auraient également été tenus selon FO. Des patients auraient aussi été victimes de brimades, des alertes ont été déposées auprès de la commission des usagers de l’hôpital.
Contactés par notre rédaction, certains personnels soignants qui travaillent régulièrement avec ce médecin n'hésitent pas à faire part de leur surprise et de leurs doutes "il y a beaucoup de fake news" nous dit l'un d'eux alors qu'un autre déclare "n'avoir rien observé de particulier" et dénonce "une sorte de cabale organisée".
Autour de la table lors de cette réunion de la F3SCT, des médecins sont aussi présents. Et dans les couloirs du centre hospitalier certains, que nous avons contactés, font bloc derrière le praticien mettant en avant un climat de tensions extrêmes dans ce service, sur fond de désaccords personnels entre les membres de l’équipe. De plus, une réorganisation interne du service ne serait pas acceptée par les infirmières.
Reste que le médecin mis en cause ne respecterait pas certaines règles de sécurité « par sentiment de toute-puissance » selon les syndicats. Un médecin autour de la table évoque un incident : l’utilisation d’un même endoscope pour faire une fibroscopie et une coloscopie. Il s’agit d’une pratique non-recommandée par la société française d’endoscopie digestive. Elle exposerait les patients à des risques infectieux. Un signalement a d’ailleurs été réalisé. De plus, le professionnel mis en cause minimiserait le besoin de formation sur plusieurs semaines des infirmières pour manipuler les endoscopes.
Après la publication de notre article, et en réponse, la direction du CHER a tenu à réagir via un communiqué où elle assure que "le maintien de la sécurité des prises en charge est une priorité absolue et continuera de faire l’objet d’une attention particulière".
Suite à ce communiqué, la rédaction de RCF Haute-Loire a réitéré sa demande d'interview auprès de la direction de l'hôpital.
Face à cette situation, le directeur du CHER, Julien Keunebroeck, met en avant « l’importance de rétablir un climat de sérénité au sein du service » et « l’urgence de procéder à des recrutements pour stabiliser l’équipe ». De plus, dans ce contexte, il estime que d’éventuelles sanctions « dépassent les prérogatives de la direction ». Sollicité pour répondre sur les risques liés à l’utilisation des endoscopes par le médecin concerné, la direction du CHER a refusé nos demandes d’interviews. D’après les syndicats, des entretiens seraient menés pour faire un état des lieux du service.
Cependant, la situation semble toujours pesante sur place. De nouvelles infirmières sont en cours de formation pour manipuler les endoscopes et les laver. Une injustice pour les syndicats. D’ailleurs, selon la CGT, un signalement a été fait auprès du procureur de la République. Une conciliation avec l’appui de l’ordre des médecins doit avoir lieu fin mars.
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