Carême : entre tradition, modernité et quête de sens

Le Carême repose sur trois piliers essentiels : le jeûne, l’aumône et la prière. Mais que signifient-ils concrètement ? Cette période est-elle comparable au Ramadan, que les musulmans observent également cette année ? Et si l'on doit jeûner, comment le faire et quel en est le sens ?

Le Carême, une pratique en vogue qui nécessite un accompagnement

Sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes ont affiché leur engagement à l’ouverture du Carême, notamment lors du Mercredi des Cendres, en partageant des photos d’eux avec une croix de cendre sur le front ou en montrant comment ils vivent cette période spirituelle. Pour le frère Paul-Adrien d’Hardemare, le Carême est devenu un temps "à la mode", car il est perçu comme authentique et porté par un certain aspect folklorique qui attire. "L’aspect religieux est désormais considéré comme faisant partie de la modernité et répond à un besoin des gens", explique le prêtre dominicain. Cet intérêt grandissant pour le Carême s’explique en partie par la popularité croissante du Ramadan ces dernières années. Pourtant, ces deux pratiques restent très différentes : le Ramadan est un temps festif, tandis que le Carême s’inscrit dans une démarche de recueillement.

L’aspect religieux est désormais considéré comme faisant partie de la modernité et répond à un besoin des gens

Face à ce regain d’intérêt, de nombreuses pratiques se développent, notamment auprès des nouveaux convertis. Le youtubeur insiste sur l’importance de l’accompagnement et du discernement. "Pour beaucoup de personnes qui n’ont pas les bases du catéchisme, le Carême est devenu la porte d'entrée." Il souligne que cette période est l'occasion, pour les jeunes chrétiens, de poser de petits actes héroïques qui font grandir leur foi.

Un sacrifice pour retrouver la liberté intérieure

Le Carême est une période de 40 jours qui marque la sortie de l’hiver et accompagne le retour du printemps. Le frère dominicain compare ce temps à une mort symbolique suivie d’une renaissance. "Dans notre vie spirituelle, nous avons toujours besoin, à un moment, de faire le point sur notre foi : observer où nous en sommes dans la prière, le rapport à notre corps, la charité. La liturgie a eu la sagesse de placer ce temps à la sortie de l’hiver."

Dans notre vie spirituelle, nous avons toujours besoin, à un moment, de faire le point sur notre foi : observer où nous en sommes dans la prière, le rapport à notre corps, la charité. La liturgie a eu la sagesse de placer ce temps à la sortie de l’hiver.

Le temps précédant la grande fête de Pâques est une occasion de réaliser des efforts librement choisis, ayant une dimension pédagogique, souligne le frère Paul-Adrien. "Quelqu’un qui est accro à la cigarette et qui fait l’effort, pendant le Carême, de s’en passer, accomplit un sacrifice nécessaire pour vérifier qu’il est libre. Le but, ce n’est pas l’effort en soi, mais la liberté et la charité qui en découlent." Le youtubeur invite à profiter de cette période pour faire le ménage dans sa vie et laisser plus de place à Dieu.

Redonner de l’importance à l’aumône et à la prière

Parmi les trois piliers du Carême, la charité et la prière sont souvent délaissées au profit du jeûne, regrette le frère dominicain. Il insiste sur la nécessité de retrouver un équilibre : "Le jeûne est une manière d’aimer son corps. L’aumône, elle, permet de grandir dans l’amour du prochain." Il rappelle que le but ultime du Carême est la transfiguration, et que le jeûne, l’aumône et la prière ne sont que des moyens pour y parvenir. Dans cette quête, la prière joue un rôle fondamental, car elle permet de demander l’aide de Dieu. "On peut prier spécialement pendant le Carême pour être délivré de son péché et demander la grâce de la conversion."