C’est une nouvelle polémique dont l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 se serait bien passée. À un peu plus d’un an de l’événement le plus suivi de la planète, les sans-abri doivent être transférés dans des sas d’accueil en région. Réelle prise en charge ou invisibilisation et éloignement de la capitale ? On fait le point.
Difficile de ne pas faire de lien avec les Jeux olympiques de Paris, tant les calendriers sont synchronisés. Mi-mars, l’exécutif demandait aux préfets de créer des “sas d’accueil temporaires régionaux”, à partir de septembre 2023 et jusqu’à fin 2024. La période pendant laquelle la France accueille la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques de Paris 2024. Si les associations saluent la prise en charge, l’effectivité du dispositif interroge.
Plusieurs associations spécialisées contre le sans-abrisme sont montées au créneau contre ce dispositif gouvernemental. L’exécutif souhaite envoyer des sans-abri dans plusieurs “sas d’accueil temporaires régionaux" pendant trois semaines. Ensuite, “ils seront redirigés dans des hébergements qui leur correspondent”.
L’objectif : désengorger Paris et libérer les hôtels qui hébergent ces sans-abri, avant l’arrivée de millions de touristes dans les prochains mois. Le gouvernement ambitionne une meilleure répartition de ces publics précaires sur le territoire, et veut améliorer le suivi et réinterroger le modèle de prise en charge.
Problème : les associations ne sont pas vraiment convaincues. “Que des personnes aillent en province avec un accompagnement, des places d'hébergement dignes et en nombre, et des perspectives d’insertion, cela me va parfaitement. Mais tout cela nécessite un important travail préparatoire”, prévient Bruno Morel, président de la Fédération des acteurs de la solidarité d’Île-de-France. “Je ne suis pas sûr que l’on atteigne ces conditions de réussite”, souffle-t-il.
Ces “conditions de réussite”, c’est aussi l’accompagnement des sans-abri, trois semaines après le début de la prise en charge. Où seront relogées ces personnes après cette période ? “Est-ce que fin 2024, on aura trouvé des solutions pour toutes ces personnes qui sont passées dans des sas ? On fera le bilan à ce moment-là”, tempère Éric Constantin, directeur de la Fondation Abbé-Pierre d’Île-de-France.
Cependant, si Éric Constantin refuse tout bilan, il ne se montre pour autant pas dupe. “On a relevé la concordance de trouver une solution pour des personnes à une échéance courte”. Une affirmation réfutée par Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports. “Les JO ne doivent pas être le bouc émissaire de toutes les frustrations”, s’est défendue la ministre des Sports.
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