Trois mois plus tardTrois mois après l’agression d’Israël par le Hamas, la situation actuelle en Palestine m’a amené à faire le parallèle avec celle d’il y a 22 ans déjà. Le 11 septembre 2001, la chute des tours jumelles à Manhattan avait créé un choc inédit où le sentiment d’horreur le disputait à l’hébétude générale. Un élan de compassion planétaire s’en était suivi, prodiguant à l’Amérique un soutien moral qu’elle n’avait pas rencontré depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Or un an et demi plus tard, je me souviens m’être fait la réflexion, la diplomatie américaine avait accompli le tour de force d’épuiser intégralement ce capital de sympathie :
décisions unilatérales, de fortes présomptions d’arbitraire, absence de preuves étayées, narratif mensonger qui devait mener une région entière du globe à la guerre. Le 7 octobre dernier, l’indignation générale s’impose en faveur d’Israël lorsque, nous dit-on, les roquettes
du Hamas s’abattent sur le pays. Eh bien il ne faudra pas deux mois pour que la victime soit perçue comme agresseur et pour que, du même coup, le Hamas passe du statut de terroriste à celui de résistant à l’occupant. En deux mois, comment cela a-t-il été possible ? Il suffit d’écouter les voix de certaines personnalités connaissant bien le Proche-Orient. C’est
Médecins sans frontières disant : « On n’a plus de mots pour décrire l’horreur de ce qui se passe à Gaza » ; c’est le journaliste israélien Gideon Levy selon qui les Israéliens justifient la maltraitance de ses otages par le mantra selon lequel les Palestiniens ne sont pas réellement des humains ; c’est Omer Bartov, spécialiste de la Shoah, qui va jusqu’à parler de crimes contre l’humanité lorsque des tirs sont effectués sans volonté de discernement sur des villages ou des populations civiles, prétextant qu’un petit enfant est un terroriste en puissance ; c’est Véronique Levy, écrivaine, évoquant des massacres dans des termes très fermes. De fait, certaines images publiées sur les réseaux sont sans appel, où l’on voit des soldats de vanter eux-mêmes face caméra de leurs propres exactions… Enfin, alors que la presque totalité des nations de l’ONU réclame un cessez-le-feu, soutenu en cela par de nombreuses manifestations à travers le monde, seuls deux pays s’y opposent encore : Israël et les Etats-Unis. Il serait temps que soit mis fin à cette politique du pire, qui confine à l’insoutenable. Que Dieu, à qui rien n’est impossible, nous apporte cette paix qui semble parfois bien hors de portée de l’homme, et d’abord en nos cœurs. Bonne année !